Elle choisira d’abord la danse et les battles avant de saisir un stylo et une feuille pour se mettre au rap. Gestuelle, attitude, état d’esprit militant, tout traduisait déjà en elle une aptitude inexploitée pour la matière. La scène, son ring, ajuste le détail, perfectionne tout ce qui peut l’être, règle ses shows pour les amener vers toujours plus de perfection, sans temps morts ni place pour l’à-peu-près.

Pour son troisième album Tracy De Sá cherche à aligner corps, âme et esprit, mais aussi son passé, son présent et ce qu’elle imagine pour son futur. Ce projet marquera une nouvelle ère pour la rappeuse, comme une décennie de plus, un nouveau chapitre dans sa vie et sa carrière musicale. « 3 » est le nom choisi pour ce projet, atypique mais pourtant symbolique pour cette artiste qui a grandi dans un noyau familial composé de trois personnes : sa mère, son frère et elle. Un chiffre impair qui pendant longtemps a été une source de souffrance, un rappel constant du déséquilibre qui régnait dans sa vie. Mais avec le temps ce noyau devient sa base, sa source de stabilité, d’encrage et d’inspiration. Elle commence à voir le 3 comme solution pour sortir de la binarité et des dichotomies imposées par les injonctions sociales. Tracy ne voit pas les choses en noir ou blanc, en bien ou mal, elle cherche toujours la troisième option, la troisième case à cocher, comme si l’asymétrie de ce chiffre ouvrait une fenêtre vers la liberté.

L’objectif est de chercher à aligner corps, âme et esprit, mais aussi passé, présent et ce que j’imagine pour mon futur. Avec des hauts, des bas et ses entre-deux, où j’ai lié mes pensées à mes paroles et ses actions, créé des hypothèses, des antithèses et des synthèses. Le 3 est devenu un symbole de l’abondance, de l’affluence et de surplus d’imagination, d’information et de féminité.

Enfant de troisième culture, j’ai pensé cette œuvre en trois langues : anglais, espagnol et français avec des sonorités trap-électro qui sont la base de l’ambiance festive du projet.